Cher-e-s Collègues
voici le premier article non original du blog. Il est écrit par Laurent, rédacteur du blog "Goodbye bégaiement" - je lui ai demandé l'autorisation de reproduire son article dans son intégralité car avec un titre pareil... je ne pouvais passer à côté (!)
Les orthophonistes sont-elles nulles ?
Voilà un titre qui devrait tirer le blog de sa torpeur automnale ! J'avais pensé aussi à « Faut-il brûler les orthophonistes ? » ou «Orthophonie : la grande arnaque ? ». De quoi déchaîner les passions... Quoique... Pour vraiment créer du buzz, j'aurais dû opter pour « Tony Parker trompe Eva avec son orthophoniste ! ». Mais bon, allons-y pour « les orthophonistes sont-elles nulles ? » Pardon au passage pour ce féminin mais force est de constater que les filles sont largement majoritaires dans le métier. Remarquez, comme les bègues sont souvent des garçons, ça tombe plutôt bien...
Alors pourquoi ce titre bien provocateur ? Parce que les orthophonistes ne jouissent pas toujours d'une bonne presse auprès de certaines personnes bègues. Et pour tout vous dire, je n'étais pas loin de partager ce sentiment.
Mais depuis la création de ce blog, j'ai pu rencontrer et échanger avec un certain nombre d'orthos spécialisées dans le bégaiement et, éclairé par la lueur de ma petite lanterne, il m'a paru intéressant de vous faire une visite guidée de mon expérience afin d'apporter ma réponse à la question faisant l'objet de ce post. Je vous propose de commencer par un petit retour arrière...
(l'image devient floue puis se fixe de nouveau sur une classe d'école primaire à la fin des années 70).
Lorsque j’étais en CE2, une grande dame blonde entrait discrètement dans la classe, souriait à la maîtresse et me kidnappait pour quelques minutes. Nous nous installions dans une petite pièce tranquille et elle me faisait faire des exercices que j'ai presque tous oubliés depuis.
Cette orthophoniste s'appelait Mademoiselle Presles (j'ai modifié son nom). J'allais la voir aussi en dehors de l'école et je me souviens qu'elle m'apprenait à respirer, posant sa main chaude sur mon ventre que j'entendais alors ronronner. Elle me demandait de parler, tout en suivant du doigt des cercles concentriques. Cela devait me permettre de donner du rythme à mon discours, de le fluidifier et d'enchaîner ainsi les syllabes sans problème, un peu comme un vélo qui, une fois lancé, ne pourrait pas tomber.
Il y avait des phrases plus ou moins longues à dire et devant moi des cercles de diamètre différents. Je devais alors choisir le cercle dont la circonférence était la plus adaptée à la phrase à énoncer. C'est à dire que mon doigt devait revenir à son point de départ lorsque j'avais terminé la phrase. Je me souviens qu'il y avait aussi beaucoup d'images et que je devais raconter des histoires (ce que j'adorais). Je ne garde pas un mauvais souvenir de ces séances et je crois même qu'elles m'amusaient. Malheureusement, malgré leur nombre et la patience de ma guide, elles ne m’ont été d’aucune utilité.
Dix ans plus tard, je suis retourné voir Mademoiselle Presles. Elle était entre temps devenu Madame et avait installé son cabinet au rez-de chaussée d’un coquet pavillon, au bout d’une allée bordée de rosiers. Elle m’a accueilli avec un grand sourire et a accepté de bonne grâce de rédiger le certificat que je lui demandais. J’avais en effet décidé de me faire exempter du service militaire pour trouble du comportement et de la communication. Pour une fois que mon bégaiement pouvait m’être utile… Elle a apposé son cachet et m’a tendu le précieux document en lâchant ce douloureux aveu : « toi alors, je n’ai jamais rien pu faire… ».
Quelques années encore et je découvrais la méthode Impoco. Et devinez quoi ? Tous les bègues que j’ai croisés durant mes stages avaient suivi sans succès des séances d’orthophonie, de quoi renforcer ma conviction de l'impuissance des orthophonistes face au bégaiement.
A ce moment de mon histoire, j'avais donc acquis la certitude que les orthophonistes étaient désarmées pour soigner les personnes qui bégaient. Parce que l'orthophonie n'avait pas marché pour moi, j'en concluais que cela ne marchait pour personne. Cela s'appelle de la généralisation. Et parce que j'avais rencontré chez Impoco d'autres personnes ayant vécu la même histoire, j'avais fait de cette opinion une vérité. Et cela s'appelle une distorsion ou un biais statistique (j'explique plus loin pourquoi). J'avais ainsi rejoint la cohorte de personnes bègues qui étayent l'assertion « les orthophonistes sont nulles » par deux arguments :
1. La preuve : les stages faits par d'anciens bègues sont remplis de personnes ayant été traitées sans succès par une orthophoniste !
2. Les orthophonistes ne sont pas formées sur le bégaiement et n'y connaissent rien puisqu'elles ne bégaient pas elles-mêmes !
Deux vérités assénées avec toute la violence que peuvent engendrer la souffrance et la rancoeur accumulées par une personne qui bégaie. A présent que j'ai un peu mûri et que, mon chat sur les genoux, je tape mon article tout en regardant l'élection de Miss France, je vais vous expliquer pourquoi ces deux arguments ne résistent pas à une analyse apaisée.
J'ai fait un certain nombre de stages chez Impoco où l'on aimait se gausser des pauvres orthos qui n'avaient rien pu pour nous. L'inefficacité de leur méthode est aussi souvent pointée sur certains sites ou forums et dans les reportages télévisés (« Kevin a été suivi sans succès par une orthophoniste. Aujourd'hui, il va faire un stage chez Johnny Costard, un ancien bègue ayant créé sa propre méthode »).
Réfléchissez dix secondes (oui, je sais, c'est énorme) : est-ce que les bègues qui ont été soignés avec succès par une orthophoniste vont se réfugier chez Boisard ou Impoco ? Bah, non ! L'analyse est donc biaisée puisque Impoco et Boisard ne voient que ceux pour qui ça n'a pas marché (c'est d'ailleurs la même chose pour les orthophonistes disant récupérer des personnes ayant testé sans succès des méthodes alternatives).
Imaginez une « boîte à bac » privée qui prend en charge les ados en échec scolaire. Si le directeur de cette boîte disait « les profs des lycées publics sont nuls, la preuve tous mes élèves viennent d'un lycée public ! », ce serait débile, non ? En effet, ce dirlo occulterait l'immense majorité d'élèves qui restent dans le public, réussissent leur bac et donc ne passeront jamais chez lui !
C'était peut-être vrai il y a 20 ans, c'est devenu en partie faux aujourd'hui. Pour devenir orthophoniste, il faut étudier durant quatre ans dans une Unité de Formation et de Recherche (UFR) et présenter un mémoire de fin d’études. Le certificat d’aptitude à l’orthophonie permet de soigner les troubles de la communication orale mais aussi écrite. Le champ d’intervention est donc très large et le bégaiement n’est qu’un trouble parmi d’autres comme la dyslexie, la dysgraphie, dysorthographie, les défauts de prononciation,… Ainsi, si je ne me trompe pas, l’étude du bégaiement ne représente que quelques heures (10 à 15) dans l’ensemble du cursus. On pourrait donc se dire que rien n'a changé... Et bien ce n'est pas vrai! Parce que, parmi les orthophonistes, certaines choisissent de se spécialiser dans le bégaiement.
Pour cela, quelques-unes vont suivre des stages à l'étranger avec des spécialistes réputés. D'autres participent à des conférences et échangent avec d'autres collègues au sein d'organisations internationales. D'autres encore suivent des formations complémentaires sur les Thérapies Cognitives et Comportementales qui permettent d’identifier les mécanismes du bégaiement et de comprendre les pensées et sentiments associés : qu’est-ce qui se passe mécaniquement quand je bégaie, qu’est-ce que je ressens, quelles pensées, quelles croyances me viennent à l’esprit ? On est bien loin de mes petits cercles sur un carton d'il y a 30 ans. L'approche orthophonique du bégaiement est désormais large et ne se limite pas à des techniques de fluence.
Signe de cette évolution de la connaissance en France du bégaiement, il existe aussi désormais un Diplôme Universitaire qui permet aux orthos de compléter leur formation. Il s'agit du D.U. bégaiements et troubles de la fluence de la parole (Université René Descartes-Paris-5), 120 heures d'enseignement réparties sur 2 ans et dispensées par des orthophonistes, des médecins phoniatres et des médecins inscrits au DIU de Phoniatrie
Même la prise en charge a évolué. Les séances individuelles en cabinet sont complétées par des réunions de groupe où des personnes bègues peuvent échanger et travailler ensemble (et aussi rire !) J'ai eu la chance d'être invité à l'une d'elles par Jacqueline Bru à Montpellier et d'échanger avec des ados sympas et épanouis, qui font plein de choses ensemble et sont même allés présenter la météo sur France 3 ! J'en suis reparti en me disant une seule chose : quel dommage que cela n'existait pas à mon époque !
Depuis quelque temps, les orthophonistes organisent même des stages collectifs de quelques jours avec caméra vidéo, enseignement de techniques, jeux de rôles, sorties en extérieur pour exercices pratiques. Cela ressemble fichtrement à ceux organisés par certains « anciens bègues ». Les orthophonistes s’en défendent en expliquant que ce type de stage est pratiqué depuis longtemps aux Etats-Unis, au Canada ou en Allemagne.
Elles font preuve aussi d'une grande ouverture d'esprit. Je l'ai découvert depuis que j'ai créé ce blog. Les orthos ne prétendent pas être les seuls dépositaires de la connaissance sur le bégaiement. Elles se nourrissent et s'enrichissent des témoignages de personnes bègues. L'Association Parole Bégaiement est d'ailleurs un excellent exemple de cette collaboration constructive. Elle est composée de personnes bègues et de professionnels de la parole et les délégués régionaux fonctionnent en binômes : un orthophoniste et une personne bègue.
Nous avons tous intérêt à suivre ce modèle et à travailler ensemble. Les bègues et anciens bègues apporteront leur analyse et leur ressenti à la fois sur leur bégaiement mais aussi sur ce qui leur fait du bien. Les orthophonistes apporteront leur cursus scientifique, leurs connaissances sur les dernières avancées thérapeutiques et leurs multiples expériences avec des patients tous différents.
Alors arrêtons ces déclarations à l'emporte-pièce. Grâce à ce blog, j'ai rencontré et eu connaissance d'orthophonistes formidables et passionnées qui s'investissent dans la prise en charge des personnes bègues, réalisent des films, animent des stages dans des pays où l'orthophonie est peu répandue,....
A la question « les orthophonistes sont-elles nulles ? », j'aurais donc bien voulu répondre par l'affirmative, histoire de mettre un peu le souk et de créer le buzz mais, désolé, voilà ce que je pense maintenant : «il existe des orthophonistes qui connaissent le bégaiement et proposent des programmes thérapeutiques qui peuvent vous aider».
C'est pour cela que, lorsqu'une mère ou une personne bègue me demande quelle démarche entreprendre, je conseille systématiquement de commencer par rencontrer une ortho spécialisée dans le bégaiement (pour cela prendre contact avec l'APB). Si vous voulez en savoir plus sur le contenu des séances d'orthophonie, je vous invite à lire l'excellent article fait par Alexandre sur son blog Parole de Bègue.
Cela n'est bien sûr en aucun cas une garantie de réussite. Cela dépendra de votre connivence avec votre thérapeute, de ses compétences, de votre degré d'engagement, de votre réceptivité aux techniques proposées,...
Mais si cela ne fonctionne pas avec l'une d'elles, ne vous dites pas que c'est parce que les orthophonistes sont nulles !
Laurent
P.S : je ne suis ni membre de l'APB, ni marié à une orthophoniste !
P.S 2 : C'est Miss Bretagne qui a gagné. Un scandale !
Alors pourquoi ce titre bien provocateur ? Parce que les orthophonistes ne jouissent pas toujours d'une bonne presse auprès de certaines personnes bègues. Et pour tout vous dire, je n'étais pas loin de partager ce sentiment.
Mais depuis la création de ce blog, j'ai pu rencontrer et échanger avec un certain nombre d'orthos spécialisées dans le bégaiement et, éclairé par la lueur de ma petite lanterne, il m'a paru intéressant de vous faire une visite guidée de mon expérience afin d'apporter ma réponse à la question faisant l'objet de ce post. Je vous propose de commencer par un petit retour arrière...
(l'image devient floue puis se fixe de nouveau sur une classe d'école primaire à la fin des années 70).
Lorsque j’étais en CE2, une grande dame blonde entrait discrètement dans la classe, souriait à la maîtresse et me kidnappait pour quelques minutes. Nous nous installions dans une petite pièce tranquille et elle me faisait faire des exercices que j'ai presque tous oubliés depuis.
Cette orthophoniste s'appelait Mademoiselle Presles (j'ai modifié son nom). J'allais la voir aussi en dehors de l'école et je me souviens qu'elle m'apprenait à respirer, posant sa main chaude sur mon ventre que j'entendais alors ronronner. Elle me demandait de parler, tout en suivant du doigt des cercles concentriques. Cela devait me permettre de donner du rythme à mon discours, de le fluidifier et d'enchaîner ainsi les syllabes sans problème, un peu comme un vélo qui, une fois lancé, ne pourrait pas tomber.
Il y avait des phrases plus ou moins longues à dire et devant moi des cercles de diamètre différents. Je devais alors choisir le cercle dont la circonférence était la plus adaptée à la phrase à énoncer. C'est à dire que mon doigt devait revenir à son point de départ lorsque j'avais terminé la phrase. Je me souviens qu'il y avait aussi beaucoup d'images et que je devais raconter des histoires (ce que j'adorais). Je ne garde pas un mauvais souvenir de ces séances et je crois même qu'elles m'amusaient. Malheureusement, malgré leur nombre et la patience de ma guide, elles ne m’ont été d’aucune utilité.
Dix ans plus tard, je suis retourné voir Mademoiselle Presles. Elle était entre temps devenu Madame et avait installé son cabinet au rez-de chaussée d’un coquet pavillon, au bout d’une allée bordée de rosiers. Elle m’a accueilli avec un grand sourire et a accepté de bonne grâce de rédiger le certificat que je lui demandais. J’avais en effet décidé de me faire exempter du service militaire pour trouble du comportement et de la communication. Pour une fois que mon bégaiement pouvait m’être utile… Elle a apposé son cachet et m’a tendu le précieux document en lâchant ce douloureux aveu : « toi alors, je n’ai jamais rien pu faire… ».
Quelques années encore et je découvrais la méthode Impoco. Et devinez quoi ? Tous les bègues que j’ai croisés durant mes stages avaient suivi sans succès des séances d’orthophonie, de quoi renforcer ma conviction de l'impuissance des orthophonistes face au bégaiement.
A ce moment de mon histoire, j'avais donc acquis la certitude que les orthophonistes étaient désarmées pour soigner les personnes qui bégaient. Parce que l'orthophonie n'avait pas marché pour moi, j'en concluais que cela ne marchait pour personne. Cela s'appelle de la généralisation. Et parce que j'avais rencontré chez Impoco d'autres personnes ayant vécu la même histoire, j'avais fait de cette opinion une vérité. Et cela s'appelle une distorsion ou un biais statistique (j'explique plus loin pourquoi). J'avais ainsi rejoint la cohorte de personnes bègues qui étayent l'assertion « les orthophonistes sont nulles » par deux arguments :
1. La preuve : les stages faits par d'anciens bègues sont remplis de personnes ayant été traitées sans succès par une orthophoniste !
2. Les orthophonistes ne sont pas formées sur le bégaiement et n'y connaissent rien puisqu'elles ne bégaient pas elles-mêmes !
Deux vérités assénées avec toute la violence que peuvent engendrer la souffrance et la rancoeur accumulées par une personne qui bégaie. A présent que j'ai un peu mûri et que, mon chat sur les genoux, je tape mon article tout en regardant l'élection de Miss France, je vais vous expliquer pourquoi ces deux arguments ne résistent pas à une analyse apaisée.
1. Les stages faits par d'anciens bègues sont remplis de personnes ayant été traitées sans succès par une orthophoniste.
J'ai fait un certain nombre de stages chez Impoco où l'on aimait se gausser des pauvres orthos qui n'avaient rien pu pour nous. L'inefficacité de leur méthode est aussi souvent pointée sur certains sites ou forums et dans les reportages télévisés (« Kevin a été suivi sans succès par une orthophoniste. Aujourd'hui, il va faire un stage chez Johnny Costard, un ancien bègue ayant créé sa propre méthode »).
Réfléchissez dix secondes (oui, je sais, c'est énorme) : est-ce que les bègues qui ont été soignés avec succès par une orthophoniste vont se réfugier chez Boisard ou Impoco ? Bah, non ! L'analyse est donc biaisée puisque Impoco et Boisard ne voient que ceux pour qui ça n'a pas marché (c'est d'ailleurs la même chose pour les orthophonistes disant récupérer des personnes ayant testé sans succès des méthodes alternatives).
Imaginez une « boîte à bac » privée qui prend en charge les ados en échec scolaire. Si le directeur de cette boîte disait « les profs des lycées publics sont nuls, la preuve tous mes élèves viennent d'un lycée public ! », ce serait débile, non ? En effet, ce dirlo occulterait l'immense majorité d'élèves qui restent dans le public, réussissent leur bac et donc ne passeront jamais chez lui !
2. Les orthophonistes ne sont pas suffisamment formées sur le bégaiement et n'y connaissent rien ! En plus elles ne bégaient même pas (wouah, les looseuses !)
C'était peut-être vrai il y a 20 ans, c'est devenu en partie faux aujourd'hui. Pour devenir orthophoniste, il faut étudier durant quatre ans dans une Unité de Formation et de Recherche (UFR) et présenter un mémoire de fin d’études. Le certificat d’aptitude à l’orthophonie permet de soigner les troubles de la communication orale mais aussi écrite. Le champ d’intervention est donc très large et le bégaiement n’est qu’un trouble parmi d’autres comme la dyslexie, la dysgraphie, dysorthographie, les défauts de prononciation,… Ainsi, si je ne me trompe pas, l’étude du bégaiement ne représente que quelques heures (10 à 15) dans l’ensemble du cursus. On pourrait donc se dire que rien n'a changé... Et bien ce n'est pas vrai! Parce que, parmi les orthophonistes, certaines choisissent de se spécialiser dans le bégaiement.
Pour cela, quelques-unes vont suivre des stages à l'étranger avec des spécialistes réputés. D'autres participent à des conférences et échangent avec d'autres collègues au sein d'organisations internationales. D'autres encore suivent des formations complémentaires sur les Thérapies Cognitives et Comportementales qui permettent d’identifier les mécanismes du bégaiement et de comprendre les pensées et sentiments associés : qu’est-ce qui se passe mécaniquement quand je bégaie, qu’est-ce que je ressens, quelles pensées, quelles croyances me viennent à l’esprit ? On est bien loin de mes petits cercles sur un carton d'il y a 30 ans. L'approche orthophonique du bégaiement est désormais large et ne se limite pas à des techniques de fluence.
Signe de cette évolution de la connaissance en France du bégaiement, il existe aussi désormais un Diplôme Universitaire qui permet aux orthos de compléter leur formation. Il s'agit du D.U. bégaiements et troubles de la fluence de la parole (Université René Descartes-Paris-5), 120 heures d'enseignement réparties sur 2 ans et dispensées par des orthophonistes, des médecins phoniatres et des médecins inscrits au DIU de Phoniatrie
Même la prise en charge a évolué. Les séances individuelles en cabinet sont complétées par des réunions de groupe où des personnes bègues peuvent échanger et travailler ensemble (et aussi rire !) J'ai eu la chance d'être invité à l'une d'elles par Jacqueline Bru à Montpellier et d'échanger avec des ados sympas et épanouis, qui font plein de choses ensemble et sont même allés présenter la météo sur France 3 ! J'en suis reparti en me disant une seule chose : quel dommage que cela n'existait pas à mon époque !
Depuis quelque temps, les orthophonistes organisent même des stages collectifs de quelques jours avec caméra vidéo, enseignement de techniques, jeux de rôles, sorties en extérieur pour exercices pratiques. Cela ressemble fichtrement à ceux organisés par certains « anciens bègues ». Les orthophonistes s’en défendent en expliquant que ce type de stage est pratiqué depuis longtemps aux Etats-Unis, au Canada ou en Allemagne.
Elles font preuve aussi d'une grande ouverture d'esprit. Je l'ai découvert depuis que j'ai créé ce blog. Les orthos ne prétendent pas être les seuls dépositaires de la connaissance sur le bégaiement. Elles se nourrissent et s'enrichissent des témoignages de personnes bègues. L'Association Parole Bégaiement est d'ailleurs un excellent exemple de cette collaboration constructive. Elle est composée de personnes bègues et de professionnels de la parole et les délégués régionaux fonctionnent en binômes : un orthophoniste et une personne bègue.
Nous avons tous intérêt à suivre ce modèle et à travailler ensemble. Les bègues et anciens bègues apporteront leur analyse et leur ressenti à la fois sur leur bégaiement mais aussi sur ce qui leur fait du bien. Les orthophonistes apporteront leur cursus scientifique, leurs connaissances sur les dernières avancées thérapeutiques et leurs multiples expériences avec des patients tous différents.
Alors arrêtons ces déclarations à l'emporte-pièce. Grâce à ce blog, j'ai rencontré et eu connaissance d'orthophonistes formidables et passionnées qui s'investissent dans la prise en charge des personnes bègues, réalisent des films, animent des stages dans des pays où l'orthophonie est peu répandue,....
A la question « les orthophonistes sont-elles nulles ? », j'aurais donc bien voulu répondre par l'affirmative, histoire de mettre un peu le souk et de créer le buzz mais, désolé, voilà ce que je pense maintenant : «il existe des orthophonistes qui connaissent le bégaiement et proposent des programmes thérapeutiques qui peuvent vous aider».
C'est pour cela que, lorsqu'une mère ou une personne bègue me demande quelle démarche entreprendre, je conseille systématiquement de commencer par rencontrer une ortho spécialisée dans le bégaiement (pour cela prendre contact avec l'APB). Si vous voulez en savoir plus sur le contenu des séances d'orthophonie, je vous invite à lire l'excellent article fait par Alexandre sur son blog Parole de Bègue.
Cela n'est bien sûr en aucun cas une garantie de réussite. Cela dépendra de votre connivence avec votre thérapeute, de ses compétences, de votre degré d'engagement, de votre réceptivité aux techniques proposées,...
Mais si cela ne fonctionne pas avec l'une d'elles, ne vous dites pas que c'est parce que les orthophonistes sont nulles !
Laurent
P.S : je ne suis ni membre de l'APB, ni marié à une orthophoniste !
P.S 2 : C'est Miss Bretagne qui a gagné. Un scandale !
Chers Amis:
RépondreSupprimerVoilá mon commentaire sure blog de Laurent:
Salutations Laurent:
Je t´ecris de L´Espagne.
Bien sur que jusqu´a Madam Presles faisait son travail avec le plus grand effort.
Et les millions d´hommes et femmes que nous ont precedé s´ont battu comme des lions contre leur begaiement et celle des autres.
J´ai eu nombreuses traitements avec des ortos, psycologues, acupunture, etc sans succes. J´ai ete mom propre orto et mon propre patient. Et jái penseé...Hmmm.. cet orto est nulll..!! et cet patient aussi.!!!
Nous faissons ce qui etait la derniere vogue dans le traitement du begaiement.N´avait plus.
Je ne pense pas que les médecins avant Fleming étaient pires que les aupres de la pénicilline. Ils ont utilisé les medecines quíls avaient.
Et maintenant, moi , après des milliers d'années je suis venu à decouvrir l'essentiel de la question.
Et je dois crier au monde que j'ai trouvé le chemin pour oú nous devrions marcher. Cette route où vous voyez que ce que vous faites est util, parce que on voit qu´existe la relation cause effet.
Alors rien est null, ne l´orto..ne le patient.:)
Excusez moi mon terrible francais.
Je suis completement sur de que tu vas m´aider et nous amenerons cet affair s´il faut a la Commission Europeene.:)
Salutations et remerciements
Alberto Amaro
ritmosensor@hotmail.com
www.ritmosensor.waju.com.es
www.ritmosensor.tk
J´ajoute un video :
http://www.youtube.com/watch?v=kN36UsShPoc
12 décembre 2010 02:29