Vendredi, le Conseil Supérieur de la Fonction
Publique Hospitalière, malgré l’opposition de l’ensemble des grandes centrales
syndicales a adopté un décret reclassant les orthophonistes sur les grilles
salariales des professions de niveau bac+3.
Il me semble important de préciser que bac+3 veut aussi dire :
« soufflet à nos compétences!» : Le Médecin prescripteur pourra- t- il encore prescrire à ses patients des soins dont il va ignorer l'existence puisqu'il ne les aura pas vus exercer lors de sa formation hospitalière ? Que devient alors la continuité de soins avec l'orthophonie libérale ?
Je suis perplexe, sceptique, triste que nous en soyons là .Je suis en colère parce que je n'ai pas tant travaillé et appris pour répondre aux besoins de mes patients, je ne me suis pas évertuée à tenir compte des avancées humaines, scientifiques, technologiques et techniques, je n'ai pas été consciente de ma responsabilité de transmettre et de faire évoluer ce métier important, je n'ai pas mis une énergie considérable pour que mes jeunes collègues apprennent comprennent cette profession qui se construit tous les jours pour qu'aujourd'hui on me dise : « ce que vous faites, ce que vous êtes professionnellement ne vaut RIEN ».
Alors NON, nous ne pouvons pas laisser faire!Nous devrions sans doute, dans l'esprit de certains, remercier parce que les orthophonistes salarié (e)s sont passés de bac+2 à bac+3, ET nous devrions remercier, être reconnaissant e s pour ce qui a l'air d'être une avancée, ce que certains liront comme un début de reconnaissance ?
- - le diagnostic orthophoniste n'est plus
possible,
- - la qualité des soins est bafouée par le fait
même que les orthophonistes sont empêchés(es) voire interdits (es) d’apporter
leur expertise à la nécessaire complémentarité multi et inter professionnelle,
- - que le patient de fait ne reçoit pas tous les
soins qu'il est en droit d'attendre (disparition des postes, rémunération
démobilisante, non- reconnaissance de leurs compétences),
- - que la
place, l'importance et le rôle des orthophonistes dans la chaîne et le maillage
des soins risquent de disparaître avec des conséquences dramatiques sur cette
interdisciplinarité dont on parle tant.
Dans
cette époque où se multiplient les messages incitant à la responsabilité
quant à la bonne santé est –il concevable que la réponse de soins aujourd’hui
disponible puisse-être réduite, dévalorisée ?
Que répondre au parent, à un enfant, à
celui qui vient d’avoir un AVC, celui qui souffre d’une maladie neuro
dégénérative, d’un cancer ou de toute autre affection nécessitant une
intervention orthophonique ?
Une question éthique se pose : quelle est
la responsabilité de chacun dans la mise en œuvre des soins à apporter à ceux
qui ici sont pris en otage: LES MALADES LES PATIENTS LES ENFANTS ET ADULTES qui
sont en droit de recevoir les soins dont ils ont besoin dans ce siècle-ci ? …..Responsabilité et éthique des soignants
(et des orthophonistes qui pas plus tard que vendredi étaient rassemblé e s pour
réfléchir et inscrire leur profession dans ce monde et ses possibilités et
risques montrant ainsi leur posture de pro action et de responsabilité
réaliste ), responsabilité des
patients et usagers qui exigent la qualité des soins, responsabilité du gouvernement qui devrait permettre la mise en œuvre
de ce qui existe (les compétences orthophonistes existent, elles sont
enseignées bac+5).
En fait il s'agit ici
d'une régression dans l’élaboration du cadre d’exercice de notre métier.
NON ! Nous ne pouvons pas vous remercier
de nous avoir amputé(e)s d'une partie essentielle de nos compétences, nous ne
pouvons pas remercier des conséquences
que nous anticipons sur la qualité des soins apportés et sur le quotidien de
tous et l'avenir de nos jeunes collègues.
Nous ne pouvons que dire
NON ! Ce n'est un cadeau pour personne !
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