31 mars 2010

Salon du livre Paris 2010 - Lutte contre l'illettrisme


Prévention de l'illettrisme
Discours - Luc Chatel 29/03/2010

Le discours en entier en cliquant sur le lien au-dessus. Je me suis permis des coupes franches afin de mettre en exergue les préconisations du Ministre.
Personnellement, cela me rappelle quelque chose et vous?

Luc Chatel a présenté un plan pour prévenir l’illettrisme et susciter le goût de la lecture lors de sa visite au Salon du livre le lundi 29 mars 2010. Il a déclaré qu'il fallait "agir de manière précoce, dès la maternelle, car c’est à ce niveau que les enfants s’approprient le langage et découvrent l’écrit." Le ministre a souligné la nécessité de "travailler dès le plus jeune âge, mais aussi tout au long de la scolarité, pour que la lecture ne soit pas perçue comme une contrainte mais réellement comme un plaisir." Les familles, l'encadrement et les partenaires de l'École doivent se mobiliser(...)

Mais accéder au savoir, c’est d’abord maîtriser les compétences de bases : lire, écrire, compter. Et mon devoir de ministre de l’Éducation nationale est de veiller à ce que chacun de nos élèves maîtrise ces fondamentaux, et d’abord notre langue.

(...)

Il peut sembler paradoxal de soulever ici la question de l’illettrisme, au cœur d’un événement qui célèbre le livre. C’est pourtant une réalité que l’on ne peut ignorer : en France, 3 100 000 personnes sont en situation d’illettrisme, soit 9 % de la population âgée de 18 à 65 ans. De même, les tests de la Journée d’appel de préparation à la Défense (JAPD) révèlent que 21 % des jeunes âgés de 17 ans sont des lecteurs inefficaces, dont 5 % sont en situation d’illettrisme !

Face à ces chiffres, une question se pose : peut-on évoquer le plaisir du texte, le goût de la lecture sans se préoccuper de celles et ceux qui en sont privés ? Je ne le crois pas. Et je pense au contraire qu’il faut saisir ce moment, profiter de ce lieu pour affronter avec lucidité la douloureuse question de l’illettrisme en France et réfléchir ensemble aux moyens à mobiliser pour combattre ce fléau.

Un illettré, c’est un adulte qui a été scolarisé mais qui a désappris faute d’apprentissages solides et de pratique suffisante. Être illettré, ne pas maîtriser notre langue, c’est une vraie souffrance et une véritable inégalité sociale qui conduit à l’exclusion. Une exclusion d’autant plus dramatique qu’elle est le plus souvent silencieuse. Car l’illettrisme est un handicap que l’on tente de masquer, un handicap dont on a honte.

On le sait, les causes de l’illettrisme sont multiples. Elles sont à la fois sociales, culturelles et économiques. Pourtant, l’École, qui a pour mission d’instruire tous les enfants de la République ne peut pas se désintéresser de ce fléau. Elle le peut d’autant moins que les récentes évaluations de C.M.2 montrent qu’un élève sur cinq ne maîtrise pas les savoirs fondamentaux, notamment dans les milieux défavorisés.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas pour moi de stigmatiser les acteurs de l’École. Je connais le formidable travail qu’effectuent au quotidien les professeurs des écoles pour que chaque élève maîtrise les savoirs fondamentaux qui lui seront utiles tout au long de la vie.

Pour autant, et même si l’École n’est pas responsable de tout, il faut regarder les chiffres avec lucidité.

Voila pourquoi j’ai décidé de mener une action volontariste au cœur de l’École afin de prévenir l’illettrisme. J’ai consulté très largement et je veux dire ma gratitude à celles et ceux, responsables politiques, académiciens, écrivains, experts, pédagogues qui m’ont accompagné dans la réflexion. Leurs éclairages, leurs analyses et leurs conseils ont été précieux et je suis heureux que nombre d’entre eux soient aujourd’hui à mes côtés.

Je veux tout particulièrement saluer et remercier Hélène Carrère d’Encausse, Alexandre Jardin, Bruno Racine, Marie-Thérèse Geffroy et Alain Bentolila. Je veux aussi remercier Luc Ferry qui m’a beaucoup apporté sur le sujet.

De ces rencontres, j’ai retiré une certitude : il est urgent d’agir. Et d’abord d’agir dans deux directions, qui n’ont pas suffisamment été explorées jusqu’à présent :

  • Agir de manière précoce, dès la maternelle, car c’est à ce niveau que les enfants s’approprient le langage et découvrent l’écrit.
  • En outre, il faut travailler dès le plus jeune âge, mais aussi tout au long de la scolarité, pour que la lecture ne soit pas perçue comme une contrainte mais réellement comme un plaisir.

Tous les spécialistes s’accordent sur un point : une prévention efficace de l’illettrisme est une prévention précoce qui traite le mal à sa racine, dès l’école maternelle. Dès la première étape de la scolarité. Celle des premiers apprentissages. Celle de la préparation aux apprentissages fondamentaux. Cette étape constitue, j’en suis convaincu, un moment clé pour agir contre l’illettrisme. Pourquoi ? Parce que c’est à l’école maternelle que les élèves s’approprient progressivement la langue et découvrent l’univers de l’écrit.

Mon objectif premier est donc de conforter le rôle de la maternelle comme véritable école. L’appropriation de la langue doit être son objectif essentiel.

Pour cela, je souhaite mettre l’accent sur trois points, naturellement dans le respect de la liberté pédagogique de nos professeurs.

  • Il me paraît d’abord nécessaire de faire un effort sur l’apprentissage méthodique du vocabulaire. On le sait, à l’issue de la maternelle, le nombre de mots connus par les enfants varie fortement. Et c’est cet écart qui fait souvent la différence au moment d’apprendre à lire et à écrire.
  • Il me paraît tout aussi important de stimuler la mémoire grâce à l’apprentissage par cœur de textes ou de chansons, à l’école maternelle, mais aussi au-delà.
  • En outre, lire aux élèves de façon précoce des textes de qualité, les grands textes de notre littérature, suscite le plaisir du texte et aide à la concentration de l’attention.
  • Et puis je crois qu’il faut aussi s’appuyer sur ce que permet la réforme de l’école primaire, en particulier sur l’aide personnalisée. Je veux lui donner sa pleine mesure à l’école maternelle et la centrer sur la préparation aux apprentissages fondamentaux.

En ce qui concerne l’école élémentaire, la lutte contre l’illettrisme passe par la consolidation des acquis de la réforme de 2008, et notamment :

  • Installer les automatismes grâce à l’apprentissage par cœur, la répétition et la récitation (notamment pour les conjugaisons et les tables de multiplication). C’est le sens de la circulaire de rentrée.
  • Encourager le plaisir de lire sous toutes ses formes, notamment à voix haute. Il s’agit aussi bien de la lecture du maître (comme à la maternelle) que de la lecture des élèves.
  • Étendre enfin la part des activités de l’accompagnement éducatif consacrée à l’acquisition des savoirs fondamentaux. Je rappelle que l’accompagnement éducatif a été étendu à la rentrée 2008 à toutes les écoles de l’éducation prioritaire et sera proposé dans toutes nos écoles outre-mer à la rentrée 2010.

Vous l’avez compris : je souhaite que notre action de prévention de l’illettrisme soit précoce et continue. C’est à cette double condition qu’elle portera ses fruits. Mais notre action de prévention passe aussi par la mobilisation générale de tous les acteurs de l’école primaire.

Je pense bien sûr aux familles, dont on connaît le rôle dans la réussite de leur enfant. Le dialogue entre les professeurs et les parents doit donc être permanent. Il doit être intensifié pour assurer la complémentarité éducative entre les professeurs et la famille.

Je pense aussi à l’encadrement. C’est pourquoi :

  • Je demande à chaque recteur d’académie de missionner auprès de lui un correspondant chargé de la prévention de l’illettrisme ;
  • Je vais demander aux cent inspecteurs de l’Éducation nationale en charge de la maternelle de concentrer leur action sur la prévention de l’illettrisme ;
  • Je rencontrerai sur ce sujet tous les inspecteurs de l’Éducation nationale du premier degré.

Mais ce n’est pas tout. Je l’ai dit : l’illettrisme est un phénomène social global. Cela signifie que l’École n’est pas seule. Qu’elle ne saurait assurer seule la prévention de l’illettrisme. Elle doit le faire avec ses partenaires de toujours, avec ceux qui sont d’ores et déjà impliqués dans cette démarche, et avec tous ceux qui souhaiteront nous rejoindre.

Voilà pourquoi je signerai dans quelques instants trois partenariats qui témoignent de cette volonté d’agir ensemble pour faire reculer l’illettrisme :

1. D’abord une convention avec l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme dont je salue la directrice Marie-Thérèse Geffroy, pionnière et infatigable défenseur de cette noble cause. L’objectif est de mieux faire connaître les ressources de l’agence aux cadres de notre ministère, d’organiser des rencontres académiques et de mutualiser les bonnes pratiques.

2. Ensuite un protocole d’accord avec les mécènes de l’Association pour favoriser une école efficace, que je remercie de leur présence. J

3. Enfin, une déclaration d’intention avec la Ligue de l’enseignement dans le domaine de la prévention de l’illettrisme et de la promotion de la lecture.

Bon comme vous je n'ai pas lu une seule fois le mot "orthophoniste". J'en profite donc pour vous rappeler que la F.N.O offre une journée de formation intitulée "orthophonie, échec scolaire et illettrisme, comment en parler".Cette journée, animée par Magali Dussourd-Deparis et Dominique Morcrette, se tiendra en Alsace en décembre 2010. Les informations sur cette journée sont disponibles sur le site de la F.N.O


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